Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.
208
LE ROMAN D’HIPPOLYTE

la tête, dans la crainte sans doute que la bande rouge ne servît de cible, montrait sa doublure de lustrine déchirée, poisseuse. Vraiment, le pauvre soldat manquait d’astiquage ; mais de son énergique figure bronzée de hâle, de sa tenue débraillée se dégageait un je ne sais quoi de martial et de crâne qui écartait, même chez la bonne Mme Platbrood, le muet « och arm ! » de la commisération.

— Excusez-moi, fit le jeune homme avec une gêne attendrissante.

Mais on l’eût bientôt mis à l’aise. Tout de suite, il voulut les désintéresser de lui-même pour leur apprendre ce qu’ils désiraient savoir :

— Ah, quel dommage ! s’écria-t-il désolé. Hippolyte n’est pas avec nous. Il a dû partir en grand’garde. Vous le trouverez là-bas, sur le plateau, à une demi-heure d’ici, je crois… Ne vous inquiétez pas, il se porte à merveille…

Et, après leur avoir indiqué le chemin :

— Partez vite, vous aurez encore le temps de le rejoindre.

Il les accompagna jusqu’à la route, malgré les sentinelles qui prétendaient le retenir. Au moment de la séparation, Joseph lui promit de se rendre « au quai » pour donner de ses nouvelles.

Alors, dans le brusque élan de sa nature cordiale :

— Oui, j’irai chez votre maman, s’exclama Adolphine ; et tenez, vous pouvez une fois m’embrasser pour elle. Je le lui rendrai, savez-vous, en disant que c’est de votre part !