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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

d’un affectueux sourire par dessus le malaise que lui causait cette température sénégalienne.

— Courage, maman, faisait Joseph, ça ira mieux tout à l’heure…

Et de fait, l’éventement de la course exerçait déjà son action bienfaisante dans les poitrines. La voiture était partie d’un bon train pour s’arrêter à deux ou trois reprises sur la sommation des sentinelles. Mais après le viaduc du chemin de fer, elle roula librement à travers le populeux faubourg, pour déboucher bientôt sur la grand’route de Diest.

À présent, c’était la poussière qui incommodait les voyageurs au passage incessant des autos militaires roulant à fond de train, de motocyclettes pétaradantes, de lanciers estafettes courbés sur le col de leurs chevaux emportés comme dans une charge. Spectacle de fièvre qui effarait Mme Platbrood et la remplissait de nouvelles alarmes au sujet de son cher enfant.

Adolphine, elle aussi, s’effrayait, ne savait que penser de ce branle-bas qui augmentait d’intensité à mesure que l’on avançait à travers les épais nuages de poudre blonde soulevés par la course affolée des voitures et des cavaliers.

— Qu’est-ce qu’il y a maintenant ? Pourquoi est-ce qu’ils sont tous si pressés ? Ça est dangereux de courir si vite !

Et avec son petit mouchoir, elle époussetait à tout instant le corsage de sa mère avant de songer à prendre le même soin de sa jolie robe de tussor.