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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

la rançon d’une trop longue paix ? Et d’ailleurs, le bien n’en sortirait-il pas dans la suite des temps ?… Il songeait. Mais cela n’était chez lui qu’une philosophie volante ; tout de suite, la mauvaise foi teutonne le ramenait à la révolte, à l’indignation du patriote outragé dans la générosité, la loyauté de son pays. Ah, comme il regrettait de n’être plus un jeune homme pour décharger son arme avec sa haine contre l’abominable envahisseur !

À Louvain, ils apprirent que le 9e de ligne bivouaquait depuis la nuit dans les plaines de Kessel-Loo. Mais un laissez-passer était nécessaire pour franchir les différents postes échelonnés le long de la route. Aussi, malgré leur impatience de courir au lieu de cantonnement, ils furent d’abord obligés de se rendre à la Place où, étant donné la foule qui assiégeait les bureaux, leur attente fut longue avant d’obtenir le permis de circulation. Fort heureusement, et comme ils sortaient de la gendarmerie, un landau découvert passait dans la rue de la Gare. Joseph eut bientôt fait de s’y installer avec les deux femmes.

Adolphine était ravie :

— Hein, maman, ça est une chance ! Il fait tout de même impossible pour marcher dans ce soleil !

Tout de suite, elle ouvrit son ombrelle afin de protéger la bonne dame. Et celle-ci, toujours silencieuse, et respirant avec peine, la remerciait