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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

frait de la jambe et ce n’était pas le moment de s’embarrasser d’un traînard.

Les Cappellemans et les Dujardin étaient accourus à la gare avec les enfants, leur souhaitant bonne chance, les comblant de tendresses pour le cher soldat.

— De grosses baises à l’oncle Hippolyte ! criaient les petits.

Tout le monde était ému. Dans la gravité des circonstances, ce déplacement, si simple pourtant, avait pris tout de suite le caractère d’une expédition au bout du monde.

Il faisait beau mais la chaleur était accablante. On « étuvait » dans ces compartiments bondés de voyageurs dont le plus grand nombre, très nerveux et bavards, partaient également à la recherche d’un troupier bien-aimé.

Le tapage des conversations étourdissait Mme Platbrood qui, sans répit, épongeait sa face empourprée et suffoquait, malgré le flacon de sels et l’eau de Cologne que lui prodiguait Adolphine.

— Ça n’est rien, maman, on va bientôt arriver, n’est-ce pas Joseph ?

Mais le train n’avait pas sa vitesse ordinaire. Il marchait lentement, arrêtait à toutes les stations où, parfois, on le garait sur une voie d’évitement pour laisser passer des convois militaires.