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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Une lettre de M. Hippolyte ! Une lettre de M. Hippolyte !

Joseph et Adolphine tombèrent dans les bras l’un de l’autre. Le « petit », comme ils le nommaient souvent, avait échappé au carnage. Quelques lignes seulement sur cette carte-lettre, mais combien émouvantes ! « Chers, rassurez vite maman et tout le monde. Comment j’existe encore, je n’en sais rien. Pas même une égratignure. Pourtant, je n’ai pas bronché. Ah, l’horrible vacarme ! Quels hurlements de détresse ! Quels spectacles d’épouvante ! Et moi qui n’avais jamais vu un mort ! Plus d’inquiétude à mon sujet. Nous voici au repos pour quelque temps… On va se refaire. Peut-être que c’est fini de combattre… À bientôt !

» P. S. — Michel vient de me rejoindre. Lui aussi est indemne. On se regarde avec stupéfaction. Serions-nous pas nos deux fantômes ? »

Quelques jours plus tard, une autre carte, timbrée de Hannut, leur apprenait que la troisième division continuait à se replier vers Louvain et qu’il n’y avait pas lieu de craindre pour le moment une action nouvelle.

Mme Platbrood était sortie de son accablement et renaissait à la vie ; la sollicitude de tous ses enfants, la confiance joyeuse de leurs exhortations, la foi naïve de la vieille Colette dans la bonne étoile d’Hippolyte, tout cela remontait peu à peu le courage de la pauvre mère et lui faisait reprendre goût à ses occupations accoutumées.