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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Canal où tout manquait, même l’eau ! les « Universitaires », déprimés déjà par la préparation du dernier examen, achevaient de se démoraliser dans les promiscuités et la puanteur de ce bouge, quand l’ordre arriva enfin de gagner la frontière. Une délivrance. Ils partirent avec des cris de joie au milieu des larmes…

Parmi ceux qui les avaient vus dans cette affreuse sentine, si pâles, si malingres, si affaiblis et ankylosés par les études, personne qui les crût capables de la moindre résistance. La plupart, d’ailleurs, ne semblaient-ils pas des enfants ?… Et c’est eux pourtant que l’on envoyait là-bas pour soutenir le premier choc de la plus puissante, de la plus brutale armée du monde !

Le 6 août, un court billet d’Hippolyte informait son beau-frère de l’imminence de l’action. « Le moment est grave, écrivait-il ; l’ennemi s’avance. Nous allons combattre… N’abandonne pas notre chère maman. Tâche de calmer ses angoisses. Sois sans crainte, on fera son devoir. Adieu, toutes mes pensées sont pour vous… »

Alors les journaux contèrent l’élan, l’intrépidité de nos troupes sous l’averse de feu. Les « enfants » s’étaient comportés en héros. Quel frémissement d’orgueil dans tout le pays ! Quelle admiration à travers le monde ! Mais quelles heures pour les mères !

Joseph et Adolphine n’osaient se confier leurs sinistres pressentiments ; dévorés d’inquiétude, ils pâlissaient à la lecture des éditions spéciales, sans ressentir encore aucune fierté devant l’hé-