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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

désirait en rester sur un succès. D’ailleurs, il y avait là, dans la cage voisine, le rhinocéros qui frappait la clôture de fer de son mufle cornu et réclamait à son tour une portion de gâteau.

Avec sa carapace, qui le recouvre comme des plaques de tôle boulonnée, ses jambes courtes, son épaisseur formidable, son odeur nauséabonde, cet animal n’a rien de bien sympathique. Aussi, les enfants, dégoûtés de sa brutalité et de sa laideur, pensaient-ils que cette horrible créature ne méritait aucune gentillesse de leur part. Mais Hippolyte leur dit d’avoir pitié :

— Donne-lui tout de même quelque chose, dit-il à son neveu. Est-ce que nous n’avons pas bien de la chance, nous autres, de ne pas être d’affreux rhinocéros comme lui ?

Et le petit garçon, aussitôt convaincu et peut-être attendri, plongea la main dans son sac et régala le monstre avec une générosité de prodigue.

La girafe fut le dernier ébahissement de Vonnette comme les reptiles provoquèrent ses derniers dégoûts. Après quoi, les lions et les tigres, qui somnolaient encore dans leurs cages, ne l’émurent aucunement ou du moins « pas tant que ça ». Elle se blasait. Aussi bien, midi carillonnait dans les airs comme dans son petit estomac : il était temps de déjeuner.

Donc, ils sortirent du palais des fauves et, à travers toute une collection d’aras multicolores et de cacatoès, qui se balançaient sur leurs perchoirs en les saluant de cris aigus, ils gagnèrent