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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

ce que l’amande brune et lisse, qu’il flaira au préalable en connaisseur, lui parut digne de sa bouche de gourmet.

Yvonne commençait à se rassurer et suivait la mimique amusante, quasi humaine de l’animal avec une attention émerveillée.

— C’est comme un petit garçon, dit-elle sans aucune malice.

— Hé, dis donc ! protesta le petit Parisien.

À cette heure encore matinale, il y avait peu de monde dans le parc ; les chemins ensoleillés et les allées pleines de fraîcheur n’étaient encore parcourues que de quelques gardiens préposés à la surveillance des cages et au ravitaillement des bêtes. Cette solitude, du reste, avait son charme et parait le jardin d’une poésie de paradis terrestre que troublaient à peine les bruits de la gare toute proche, le sifflet strident des locomotives, ces monstres modernes inventés par les hommes, et le fracas des wagons entrechoquant leurs buttoirs.

Sur les vastes et sinueuses pièces d’eau ornées d’enrochements, semées d’îlots, les oiseaux aquatiques s’ébattaient innombrables, nageant, plongeant, barbotant, poussant de sauvages cris d’allégresse, lissant du bec leur admirable plumage qui miroitait au soleil. Parfois, le rugissement des fauves imposait une sourdine au caquetage de la gent emplumée qui, inquiète un moment, reprenait bientôt toute sa turbulence.

Hippolyte s’amusait de la joie des enfants,