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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

familiarisé avec les hôtes des ménageries foraines et des cirques, se promenait crâne, intrépide, enfonçant entre les solides barreaux des regards de dompteur.

— Mais Vonette, disait Hippolyte attendri et égayé tout à la fois, si c’est permis d’être poltronne à ce point !

— Mais je n’ai pas peur ! faisait la petite.

Ce qui ne l’empêcha pas de se presser contre le jeune homme lorsqu’un affreux singe tomba tout à coup au bord de sa cage en tendant vers elle un long bras velu et roux.

— Allons-nous en ! s’écria-t-elle.

— Mais il est très gentil, remarqua Hippolyte. Vois comme il te regarde ! Il demande que tu lui donnes quelque chose…

C’était bien possible, mais Vonette n’aimait pas les mendiants de cette sorte. Et comme le petit Parisien, grimpé sur le garde-fou, allongeait le bras pour déposer une noisette dans la main du macaque, elle cria, suppliante, presque en larmes :

— Non. René, non, René, il va t’attraper ! Empêche-le, parrain !

Alors, ému de son bon cœur, Hippolyte la souleva dans ses bras :

— Mais il n’y a pas de danger, fit-il en baisant ses belles joues roses, regarde…

Le singe s’était emparé de la noisette avec beaucoup de délicatesse et après l’avoir cassée entre ses dents, il la tournait et retournait dans ses doigts, rejetant les éclats de coquille jusqu’à