Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Il pouffa de rire. Alors, brusquement, elle se retourna :

— N’est-ce pas, parrain, que c’est des cerises ?

— Où ça ?

Mais l’arbre était déjà loin.

— Ma foi, reprit Hippolyte, René doit avoir raison. Les cerises sont passées, tandis que les prunes commencent seulement à grossir…

Elle voulut bien s’incliner devant cet avis, mais la supériorité de son camarade n’était pas une chose qu’elle fût disposée à admettre sans un brin de mauvaise humeur. Toutefois, comme le petit Parisien ne tirait aucune vanité d’avoir raison, elle oublia bientôt de le bouder et remit gentiment son bras autour de son cou. Ainsi, jusqu’à Anvers, tête contre tête, ils bavardèrent tous deux sans trop se contredire, tandis qu’Hippolyte, heureux de leur bonne entente, s’abandonnait doucement à ses rêveries coutumières.

La petite Yvonne n’avait jamais vu de grosses bêtes ni d’animaux féroces, si ce n’est dans ses livres d’images coloriées. On s’imagine l’écarquillement de ses yeux devant les multiples cages du Jardin Zoologique.

Cramponnée des deux mains au bras de son parrain, elle allait effarée, heureuse, sans entendre les moqueries de René qui, depuis longtemps