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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Hippolyte s’amusait de ces petites noises — de ces noisettes — au fond desquelles il apercevait déjà comme l’aurore de la grande et profonde tendresse qui les ferait un jour indispensables l’un à l’autre…

Comme il y avait plus d’une demi-heure qu’ils ne s’étaient plus chamaillés, les deux enfants éprouvèrent le besoin de se rapprocher. Yvonne, lasse d’être assise, grimpa sur la banquette et vint s’établir auprès du garçonnet qui se recula obligeamment pour lui faire place. Mais elle était fort remuante, et quoiqu’elle eût passé son bras autour du cou du petit Parisien, celui-ci, auquel ce tendre enlacement n’était nullement désagréable, ne pouvait s’empêcher de lui dire avec douceur :

— Voyons, Vonette, ne me bouscule pas comme ça !

— Mais c’est le train ! faisait-elle en riant.

— Non, non, c’est toi, tu le fais exprès ! C’est pas malin, tu sais !

Pour cette fois, elle consentit à ne pas se fâcher d’autant plus que les paysages de la route la distrayaient beaucoup. Elle poussait des exclamations à la vue des troupeaux, des rivières, des jardins pleins de fleurs et de fruits. Un arbre chargé de prunes rouges fila devant eux :

— Oh, qu’est-ce que c’est ça ?

— Comment, répondit le petit Parisien, tu ne vois pas que ce sont des prunes !

— Tu te trompes, fit-elle honteuse de son étonnement, c’est des cerises !