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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Il s’interrompit. Encore un peu n’allait-il pas lui avouer qu’il avait eu tant de chagrin ! Il s’étonnait en ce moment que sa tristesse lui parut moins lourde, qu’elle s’allégeât de la joie qu’il donnait à cette enfant bien-aimée. Toute la partie douloureuse de son être s’était assoupie.

D’ailleurs, comment demeurer sombre quand il faisait si beau ! Dans le ciel d’un azur limpide, le soleil étincelait, étalant sa splendeur sur les champs et les prés. Et ces petites maisons blanches et roses pressées autour du clocher, comme elles riaient, joyeuses, en s’enfuyant derrière eux !

Cependant, le petit Parisien, toujours agenouillé à sa place, regardait, perdu dans une extase silencieuse. Du reste, il n’était pas bruyant ni turbulent de nature. Il ne criait jamais hors de propos, comme font les gamins de son âge. Bien qu’il fut doué d’une grande vivacité et fort dégourdi, il savait déjà ne pas être gênant ni fatigant au milieu de grandes personnes. Nul n’était plus facile à conduire, à condition qu’il sentît la supériorité de son guide, et l’oncle Hippolyte était peut-être le mentor qui lui agréait le plus et dont il eût été fâché d’encourir les reproches.

Son grand défaut, c’était d’avoir l’esprit supérieur à celui de son âge et de « blaguer » ses petits compagnons. C’est ainsi qu’il se moquait volontiers des naïvetés d’Yvonne, ce qui enrageait la petite, aussi colérique qu’elle était bonne et passionnée. Ils se querellaient tout le temps sans pouvoir néanmoins se passer l’un de l’autre.