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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

salua pour prendre congé, mais en passant devant le jeune homme, la bonne dame ne put s’empêcher de caresser la fillette :

— Comme elle ressemble son papa ! Hein, c’est la petite gateie ?

Hippolyte s’inclina, un peu ahuri, mais point du tout mécontent de la méprise. Et tandis que la locomotive reprenait sa course, il songeait en souriant à sa jalousie passée et comment il s’en était guéri par l’idée fixe que la petite Yvonne lui ressemblerait fatalement un jour. Et pourquoi non, puisqu’il était impossible que son souvenir n’eût pas subjugué la tendre cordière à l’heure de l’amour…

Il avait saisi la tête de la fillette dans ses mains et la regardait avec une attention profonde. Mais oui qu’elle lui ressemblait, la bonne dame ne mentait pas…

Yvonne, charmée, dardait sur lui ses yeux noirs lumineux et soudain, dans une fougue de tendresse, elle se jeta à son cou en s’écriant :

— Ah, parrain, je suis si contente aujourd’hui ! Il y a si longtemps qu’on n’était plus sorti ensemble… Je croyais que tu ne m’aimais plus !

Et il sentait que c’était chez la fillette la même passion qu’il avait, étant petit, éprouvée pour Thérèse. Il la trouvait tout à coup grandie, moins petite fille aujourd’hui que d’habitude, déjà presque femme par certains sentiments. Il l’embrassait de tout son cœur :

— Tu es folle, disait-il, mais non, je t’aimais toujours ; seulement vois-tu…