Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
LE ROMAN D’HIPPOLYTE

du paysage, Yvonne, tendrement accrochée à Hippolyte, promenait à travers le compartiment les rayons de ses grands yeux noirs.

Un couple voyageait avec eux : un vieux monsieur enfoncé dans un journal et sa femme, bonne dame quinquagénaire, dont le regard humide et attendri caressait les deux jolis enfants pour se reporter sur Hippolyte avec un air d’admiration et de sympathique envie. Le jeune homme ne doutait pas qu’elle ne brûlât de lui exprimer son ravissement à l’égard de ce blondin et de cette brunette. Aussi prenait-il grand soin de ne pas rencontrer ses yeux, dans la peur farouche de déclencher une conversation qu’il ne se sentait pas le courage de soutenir en ce moment. Yvonne, qui n’aimait pas les familiarités des inconnus, demeurait absolument réfractaire aux tendres œillades de la dame. Bientôt, elle détourna les yeux et, tendrement serrée contre son parrain, elle se mit à poser à voix haute mille questions sur les brassières, les accoudoirs, le filet et tous les dispositifs du compartiment. Elle voulait qu’Hippolyte fumât pour le voir déposer la cendre de sa cigarette dans la petite boîte de métal ajustée à la portière.

Soudain, une manette nickelée fixée au plafond l’intrigua violemment :

— Oh, quoi c’est donc ça en l’air ?

— C’est la poignée de la sonnette d’alarme.

— Pourquoi c’est faire, dis ?