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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Allons, un peu de calme, n’est-ce pas ?

C’était Yvonne la plus pétulante, la plus bavarde ; sa curiosité exigeait mille explications. Le petit Parisien se mêlait parfois de lui répondre, mais sans la convaincre le moins du monde :

— Non, pas toi, disait-elle en lui fermant la bouche de sa main, c’est à parrain que je demande…

Et parrain répondait, flatté de la préférence, heureux de meubler ce jeune cerveau d’idées nouvelles.

Comme ils traversaient le grand hall, ils aperçurent tout à coup une troupe de garçonnets et de fillettes qui entraient dans la gare, précédés d’un porte-bannière et d’un tambour.

— Quoi c’est, mon parrain ?

— Comment, fit le petit Parisien d’un air d’importance, tu ne vois pas que c’est une colonie scolaire…

— C’est pas à toi que je demande, reprit Yvonne très, vexée.

Il fallut qu’Hippolyte lui confirmât avec force détails que c’étaient effectivement les petits pauvres qui partaient pour la mer. Il regardait défiler la troupe enfantine, et la joie qui éclatait sur ces pâles visages, une joie dont il était un peu la cause, grâce à ses collectes du Carnaval, le remplissait d’une grosse émotion qui achevait de détourner le cours mélancolique de son âme.

Ils montèrent en wagon et le train partit. Tandis que le garçonnet, agenouillé sur le coussin, regardait à la fenêtre les mouvants aspects