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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

déplorais la trivialité de mon nom. Je désespérais en silence. J’étais absurdement, comiquement malheureux au point d’errer irrésolu, farouche et dépeigné, les chausses sur les talons, comme une sorte de petit Hamlet du « bas de la ville » !

Il souriait à l’évocation de cette caricature :

— Mais crois bien que ça n’a pas été long. Je me suis retrempé dans la bonne vie populaire. Je suis même devenu garde civique ! Ça m’a remis d’aplomb. Car il n’y a rien de tel, vois-tu, que de vivre bêtement, comme tout le monde. Allons, laisse-toi gouverner à ma guise. Suis mon traitement. Et d’abord, sors de ta tour et va te promener !

Or, le samedi suivant, en exécution d’une ordonnance de son médecin moral, Hippolyte s’embarquait à la gare du Nord avec sa filleule et le petit Parisien auxquels il avait depuis si longtemps promis une visite au jardin zoologique d’Anvers.

Le ciel bleu de cette belle matinée semblait déjà influencer favorablement le jeune homme. Obligé de surveiller les enfants, un peu étourdi par leurs gambades et leur babillage, il échappait enfin à sa rongeante tristesse et montrait un visage détendu où les grands yeux qu’il faisait parfois à ses espiègles compagnons se rapetissaient bien vite en indulgent sourire.