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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Adolphine était scandalisée :

— Eh bien, ça est du propre !

Mais Joseph tenait bon, amusé des protestations ou du silence improbateur qui accueillaient sa manière de porter remède aux peines de cœur.

Cependant, on ne laissait pas d’être étonné dans son entourage, de la désinvolture et, pour trancher le mot, du manque de cœur qu’il affichait en cette circonstance. Lui, si généreux, si prompt à s’émouvoir de la peine des autres, si ingénieux souvent à déjouer les manœuvres du mauvais sort acharné sur ses amis, il se moquait à présent d’une passion véritable et sermonnait Hippolyte avec une dureté sarcastique qui ne faisait qu’aggraver le découragement du jeune homme.

Un soir qu’il l’avait plaisanté à table, avec plus d’entrain que de coutume, il le prit à part après le dîner :

— Pardonne-moi, lui dit-il brusquement. J’ai voulu seulement éprouver la constance de ton mal. Je ne me doutais pas qu’il fût aussi profond et je viens seulement de comprendre combien tu souffres. Espère cependant : à ton âge, les peines de cœur ne sont pas inguérissables ; à ton âge, nulle femme n’est la vraie, la seule ; à ton âge, on aime parce qu’on a besoin d’aimer et non pas uniquement parce que la personne est aimable. Souviens-toi de Hania…

Et comme le jeune homme faisait un geste de protestation :