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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

lui avait-elle pas donné en le consolant avec tant de joyeuse bonté ?

Le sort était vraiment trop dur d’avoir voulu qu’il se méprît à ce point sur le genre d’intérêt que la jeune fille accordait à sa pauvre personne.

En perdant miss Suzy, il perdait tout courage. Auprès d’une telle femme, il avait compris que la vie serait bonne et douce. Elle seule, avec ses idées saines et son cœur vrai, lui aurait apporté le bonheur. C’était la bonne compagne, créée avec ce que chaque créature a de meilleur, qui eût tout pénétré autour d’elle de son âme aimante et fidèle.

Où retrouver maintenant la force de vivre ? Il se refusait à voyager et demeurait plongé dans une morne apathie que les affectueux reproches de sa famille et de Michel ne parvenaient pas à secouer.

Toutefois, seul entre tous, Joseph n’avait pas l’air de s’émouvoir plus que de raison de cette grande tristesse qu’il raillait et rudoyait au besoin comme une chose dont le jeune homme commençait à les fatiguer outre mesure.

— Il nous ennuie, disait-il, à toujours porter son cœur en écharpe !

Certes, il comprenait que son beau-frère ressentît quelque chagrin ; mais à son âge, pouvait-on s’abîmer ainsi dans une douleur sans espérance ? Il allait jusqu’à prétendre qu’Hippolyte manquait de virilité. Quel jeune homme à sa place ne se fût pas bientôt consolé dans les bras d’une ou de plusieurs maîtresses ?