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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

camaraderie avec la jeune fille ? Comment ne s’était-il pas souvenu de ce clair dimanche où, au milieu de la Grand’Place, on l’avait présenté à miss Jennings et à son frère ? Un garçon mieux avisé que lui, se fût peut-être douté du motif sentimental qui avait amené l’élégant gentleman en Belgique, bien qu’en interrogeant sa mémoire, il ne se rappelât chez le jeune homme aucune attitude penchée, aucun regard, aucun mot d’amoureux.

Au contraire, cet Anglais lui avait semblé froid, distant. Mais qui sait, cette réserve c’était sa grâce, son charme à lui auprès d’une enfant impressionnée par des qualités sévères en contraste avec son expansive gaîté. Elle l’aimait. Sans doute l’avait-elle aimé dès la première rencontre, dès cette première chevauchée dont elle avait parlé avec tant de joyeux enthousiasme. Et lui, le jeune Squire, comment n’eût-il pas été séduit tout de suite par cette petite étrangère si fraîche et si blonde, si charmante de vivacité et de hardiesse ?

Au milieu de ses cruels raisonnements, la pensée d’Hippolyte s’arrêtait parfois au doux souvenir de ses entretiens avec la jeune fille. Il ne songeait pas un instant à l’accuser de manège ni de coquetterie. Toute la gentillesse de ses manières, de ses paroles et même de ses regards ne lui semblait inspirée que par le désir d’adoucir un chagrin qu’elle croyait sans doute encore très vivace quand sa seule présence l’avait endormi pour jamais. Et pourtant, quel espoir ne