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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

formelle, mais sur quoi ses parents et lui-même savaient bien ce qu’il en fallait penser.

Au fait, il n’y avait rien là dont il fallut dissuader la jeune fille et qui pût être considéré comme une chose regrettable, bien au contraire. D’ailleurs, Suzy était une personne pleine de raison qui ne s’engagerait pas à la légère.

Cette confidence bouleversa Hippolyte. Elle confirmait ses sombres appréhensions. À présent, il ne pouvait plus douter et comprenait la soudaine réserve de miss Suzy lorsque, dans le chemin fleuri, il s’était enfin décidé à lui faire l’aveu de son amour. La jeune fille n’avait pas osé le désespérer d’un seul coup, surtout après avoir éprouvé la délicatesse et la force de son affection. Elle avait ajourné sa réponse pour se donner le temps d’adoucir les formes de son refus. Ce brusque départ pour l’Angleterre le séparait d’elle pour toujours.

Comment n’avait-il pas deviné que Mr Jennings, ce beau cavalier avec lequel elle chevauchait dans le domaine de Holywood, ne lui était pas resté indifférent ? Situation, fortune, belle santé morale et physique, le jeune homme réunissait toutes les qualités d’un prétendant heureux. Et puis, comme disait Michel, miss Suzy n’était-elle pas devenue une façon d’Anglaise ?

Jamais Hippolyte n’avait ressenti un tel accablement de tristesse. Dans son désespoir, il n’accusait pourtant que lui-même. Pourquoi avait-il mêlé tout de suite une si profonde tendresse à sa