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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Cependant, la route allait finir :

— Hélas, je ne puis vous répondre, murmura-t-elle enfin. Comme la triste Virginie, je dois partir. Une promesse m’appelle en Angleterre. Je serai absente pour quelque temps…

Elle sentit tressaillir le jeune homme et parut bouleversée de la subite altération de ses traits. Sans doute allait-elle lui adresser quelques douces paroles quand Michel les rejoignit :

— Hé, pressons-nous, voici le tramway !

Ils se hâtèrent sans plus rien dire jusqu’à la station. Mais au moment de monter en voiture avec ses amis et le gros de la troupe, Hippolyte se ravisa :

— Je retourne à pied, dit-il d’une voix sèche.

Et, saluant la jeune fille avec cérémonie :

— Au revoir, Mademoiselle, je vous souhaite un bon voyage…

Il se détourna brusquement et reprit le chemin de la ville à grands pas, le regard au pavé, indifférent au charme du magnifique crépuscule, l’âme étreinte d’une affreuse anxiété où perçait parfois, comme une petite lueur d’espérance, ce regard de tendre reproche que la jeune fille lui avait adressé au moment des adieux…