Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.
171
LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Et il s’emballait dans le règne d’Elisabeth, quand il lui sembla que sa compagne pesait davantage à son bras et que sa marche devenait moins assurée.

— Eh bien, s’interrompit-il tout à coup, cela ne va pas ?

Elle fixait sur lui ses yeux d’azur où il crut surprendre un reproche ironique :

— Je vous ennuie, s’écria-t-il avec bonne humeur. Que vous importe, en effet, la grande Queen !

Et, comme l’on apercevait déjà le bout de la route, il s’enhardit jusqu’à ces mots :

— Au fait, j’ai bien autre chose à vous dire !

— En vérité ? encouragea-t-elle d’une figure vivement intéressée.

Mais un peu de gêne perçait sous son enjouement.

Il hésita un moment encore :

— C’est que… Vous serez sans doute très fâchée…

— Allez toujours, répondit-elle gaîment. Virginie a très bon caractère…

— Eh bien, dit-il d’une voix blanche, figurez-vous que Paul adore Virginie et qu’il n’ose pas le dire…

— Oui, je comprends, c’est un amoureux transi…

Mais c’était tout ce qui lui restait de raillerie. Cette fois, elle était violemment émue et son visage, que le jeune homme interrogeait avidement, était empreint d’un grand trouble.