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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Ce n’était qu’un froissement de la cheville : une jeune miss, aux poignes énergiques, eut bientôt réduit cette légère foulure.

Comme il était l’heure de partir, la jeune fille se déclara prête à regagner à pied la prochaine station de tramways, à peine éloignée d’une dizaine de minutes. Hippolyte s’empressa de lui offrir le bras et tous deux suivirent Michel et ses compagnons à quelque distance, sans prendre garde que l’on mettait bien de la complaisance à ne pas troubler leur tête-à-tête.

La route était jolie, surtout à ce moment de la journée où le soleil déclinant commençait à dorer les feuillages et les gazons des grands parcs. Ils allaient dans la douce odeur des blanches aubépines qui moussaient sur les haies.

Il semblait au jeune homme que la nature ne l’eût jamais autant captivé ; si sa mémoire lui rappelait d’autres parties champêtres avec une femme aimée, un tel souvenir, loin d’inquiéter encore son cœur, achevait de l’apaiser tant il comprenait à présent la joie meilleure, pure, salubre d’une tendresse permise.

— Ne craignez pas de vous appuyer, disait-il à sa compagne. Je veux sentir que vous avez besoin de moi…

Alors, en manière de jeu, elle se fit très lourde à son bras.

— Comme ça ? fit-elle en levant sur lui ses jolis yeux.

— Mieux que ça ! reprit-il en lui pressant le bras contre sa hanche.