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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Qu’à cela ne tienne, répondit la jeune fille, on vous autorise à quitter votre belle jaquette !

Il se défendait encore :

— Et mes souliers ! J’abîmerai le terrain…

C’était trop raisonner :

— Assez ! signifia Michel.

Il le poussa dans un court entreillissé comme une cage à poules et dont le sol rougeâtre, parfaitement damé, luisait sous le soleil.

On forma les camps et la partie commença.

En dépit de son manque d’entraînement, Hippolyte ne se montrait pas maladroit et se fit même remarquer par d’agiles ripostes que la galerie acclama généreusement.

Il jouait avec simplicité, évitant les ronds de jambes, les entrechats, les pointes, tout ce qui sent l’effort, l’affectation et fait de certains joueurs d’insupportables baladins. Vraiment, c’était une excellente raquette.

Miss Suzy, sa partenaire, l’avait un moment soupçonné de coquetterie, de grâces, de mignardises soi-disant françaises ; il n’en était rien. Elle admirait le naturel de ses attitudes, la décision, la sobriété, l’utilité de ses moindres gestes.

— Vous voyez bien ! applaudissait-elle à ses coups heureux.

Mais il ne s’en faisait pas accroire :

— Non, je suis médiocre ; je livre très mal. Ah, ce n’est pas comme vous !

À son tour, il admirait le jeu serré de la jeune fille, et comme chacune de ses balles rasait le bord du filet pour tomber dans le carré ennemi