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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

mais si tu veux bien, je t’appellerai miss Suzy comme mon oncle Hippolyte…

— Mais je t’en prie ! fit la jeune fille avec un petit rire nerveux qui trahissait un secret émoi. C’est cela, appelle-moi miss Suzy comme… comme on fait en Angleterre.

Alors il voulut qu’on lui donnât des explications sur l’Angleterre, mais Hermance intervint avec son autorité de marraine :

— Voyons, René, tu fatigues Mlle Suzanne…

— Miss Suzy ! rectifia-t-il.

— Si tu veux, concéda la jeune femme. Mais il est temps d’aller te coucher. À cette heure-ci, les petits garçons comme toi dorment à poings fermés…

Aussitôt, il fronça le sourcil ; il n’aimait pas qu’on le prît avec lui sur ce ton de commandement. Mais Hermance était une des rares personnes qui ne cédât pas à tous ses caprices. Elle l’aimait beaucoup, mais sans faiblesse.

— Allons, hop, fit-elle d’un ton ferme, dis bonsoir comme Hélène, à moins que tu ne préfères disparaître à l’anglaise…

Il se résigna :

— Bonsoir, miss Suzy, dit-il en étreignant la jeune fille de tout son cœur.

Puis, suspendu au cou d’Hermance :

— Je pars tout de suite, marraine, si tu viens me mettre au lit. Tu me raconteras une histoire…

Car il entendait poser ses conditions.