Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.
154
LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Et pour Hélène, dont le gentil charabia n’avait jamais été déplaisant, elle s’efforçait aussi de mieux dire, subissant sans qu’elle s’en doutât l’influence prophylactique du petit maître, dont la meilleure élève était sans contredit son amie Vonette Mosselman.

On pense si le garçonnet était choyé dans le clan des dames ; très galant, très attentif à ne pas faire de jalouses, il allait de l’une à l’autre, goûtant les caresses en connaisseur. Malgré tout, il ne put se défendre d’une curiosité très sympathique à l’égard de Mlle Lauwers : rien de plus excusable d’ailleurs, c’était une figure nouvelle. Quand la jeune fille l’eût embrassé comme tout le monde avec des mots gentils, il s’attarda auprès d’elle ; les bras passés autour de son cou, il la regardait avec une insistance qui pouvait devenir assez embarrassante. Soudain :

— Je ne te connais pas, dit-il, et pourtant je t’aime bien. Comment t’appelles-tu ?

— Mais René ! s’écria Adolphine sur un ton scandalisé.

— Oh, laissez, Madame ! fit la jeune fille. Il a raison, ce petit, on ne m’a pas présentée !

Elle le pressa contre elle avec une tendresse amusée :

— Eh bien, Monsieur, je m’appelle Suzanne pour vous servir…

— C’est un joli nom, dit-il avec une mine gentille.

— Ma foi, je suis enchantée qu’il te plaise !

— Oui, il me plaît beaucoup, reprit l’enfant ;