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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Mais il la trouvait bien plus intéressante que lui-même. Se plaisait-elle à Bruxelles depuis son définitif retour ? Est-ce que la pension anglaise ne lui manquait pas un peu ?

À cette dernière question, le front de la jeune fille parut un instant s’assombrir :

— Non, dit-elle, moins que je ne l’aurais supposé. Et puis j’ai tant d’occupations !

Et comme elle surprenait une pointe d’ironie dans ses yeux :

— Mais je vous assure !

Pour le prouver, elle détailla les multiples devoirs qui absorbaient sa journée. À présent, c’est elle qui tenait la maison et dirigeait le ménage ; dès sept heures du matin, elle faisait retentir le carillon de ses clefs ; munie de peaux, de chiffons, de brosses et de plumeaux, elle frottait, époussetait en tous coins, aidée de la femme de chambre ; après quoi, il fallait aller aux provisions avec la cuisinière. Nulle ne savait marchander comme elle, et c’était grand profit pour ses pauvres, car tout ce qu’elle parvenait à rabattre venait grossir son budget de charité. Pour son après-midi, il était ordinairement consacré à des visites chez des parents, des amis ou au shopping. Les jours de mauvais temps, rainy days, elle tournait les sauces, s’exerçait à la confection de quelque plat inédit ou d’une pâtisserie. Certes, elle n’avait pas le talent de Peau d’Âne, mais elle ne pouvait lui laisser ignorer cependant qu’elle avait obtenu un 1er prix de cake et de plum pudding à la pension.