dre pour sa tante Hermance dont la distinction et la jolie voix le charmaient. Aussi, lui répondait-il avec bonne grâce, permettant qu’elle sourît quand il s’exprimait d’une façon baroque, affectueusement attentif aux corrections qu’elle lui proposait gentiment sans l’humilier :
— Comment dis-tu ? faisait-elle en riant. « Et pouie » ? On dit : « Et puis ». Il y a un u et non un ou… Hé, voilà une faute que je commettais aussi quand j’avais ton âge… Je disais un parapouie ! Je m’en suis vite corrigée. Va, l’on ne s’est pas longtemps moqué de moi !
D’ailleurs, la langue de l’écolier et son accent s’amélioraient insensiblement ; il parlait à présent avec beaucoup plus de facilité et même de correction. Ce n’était pas encore du français « glissant », mais il y avait moins de cailloux dans le chemin. Sans être un fort en thème, il travaillait bien et occupait un rang honorable dans sa classe ; Joseph s’en réjouissait, ayant désespéré un moment de le voir jamais sortir d’un bafouillage et d’une musardise qui semblaient irréductibles.
Cependant, Alberke entretenait sa tante des grandes promesses paternelles :
— Père a dit que, si j’ai un prix général, il me donnerait une belle montre et pouie que je pourrais aller à Anvers chez mon oncle Émile…
Mais il se reprit tout de suite :
— Et puis que j’irais à Anvers…
Et il raffinait ce « puis » avec malice. Hermance souriait, comprenant bien qu’il avait