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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

fille pour se permettre à son égard des familiarités dont elle se défendait par l’indifférence. Elle demeurait fermée à ses bons mots comme à ses allusions grivoises, bien qu’elle ne pût s’empêcher parfois, en des répliques dures, de lui montrer combien il perdait son temps à vouloir l’émoustiller.

— Quelle poseuse ! pensait-il. Ma parole, elle se croit née à présent dans la rue d’Arlon !

Et il se tournait du côté de Mlle Lauwers dans l’espoir d’un meilleur accueil. Mais celle-ci causait avec Hippolyte et ne réclamait nullement ses attentions.

— Attendez, fit-elle gaîment, je conte justement un roman de Walter Scott.

Et avec loyauté :

— Je vous préviens que je n’en suis encore qu’au premier chapitre.

— Ah bien, Mademoiselle, ne vous pressez pas !

Il était très mortifié :

— Autre poseuse, grognait-il en dedans, le diable emporte ces intellectuelles !

Et dans un subit retour du passé, il se revoyait à ce fameux banquet de noces à Rixensart, entre la belle Mme Keutrings et la mignonne Mme Posenaer. À la bonne heure ! En voilà qui étaient allantes et point si bêtes, ma foi, encore qu’elles n’eussent aucun diplôme ! Quel plaisir avec ces gaillardes-là ! Comme elles répondaient à ses œillades et agaceries !