— Oh oui, encore une fille et un garçon, Hélène et le petit Parisien…
Il fit une mine joyeusement étonnée :
— Le petit Parisien ! Tiens, pourquoi ça ?
Alors, très franchement, elle expliqua que, dans la famille, on appelait ainsi le petit René, parce qu’il était venu juste neuf mois après leur grand voyage à Paris, il y avait tantôt cinq ans de cela. Elle crut bon d’ajouter :
— C’est pour la farce qu’on dit ça, vous comprenez…
— Je comprends, je comprends… Ah, coquin de Paris !
Ce petit Parisien l’amusait beaucoup : est-ce qu’il n’y aurait pas moyen de faire sa connaissance ?
— Mais certainement ! Les enfants viendront tout à l’heure au dessert. Vous verrez comme le petit parle bien… Oh, Joseph et Hippolyte ont soigné pour ça ?
Et se tournant brusquement vers son père placé à sa droite :
— Hein, papa, que René cause comme un petit Français ?
Le major, qui avait vieilli et dont le cerveau commençait à s’engourdir, mâchonnait en silence, indifférent à la conversation, enfoncé peut-être dans ses glorieux souvenirs de parade et de prises d’armes. L’interpellation de sa fille le prenait au dépourvu : on dut le mettre au fait :
— Oui, oui, dit-il enfin d’une voix sourde et