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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

autour d’une table, où il ne s’attendait pas à rencontrer tant d’agréables visages.

Les trois sœurs, avec leurs types bien tranchés, le jetaient dans une sorte d’étonnement admiratif.

Adolphine, aux cheveux d’un ton ardent, incarnait la beauté énergique, nerveuse ; Pauline, c’était la belle fille blonde, un peu molle, passive, avec une tendance à l’empâtement oriental ; la grâce brune, aristocratique appartenait sans conteste à Hermance. Il y avait du choix. Aussi bien, le nouveau venu ne dédaignait pas non plus la charmante petite Mme Mosselman à la fraîche figure, toute pétrie de bonté intelligente ; jusqu’à la maman Platbrood dont il regardait avec complaisance la poitrine un peu haute dans son corset busqué, et cet air de maternité béate d’une femme de Cornélius Devos.

Mais entre toutes, c’était Mme Kaekebroeck, sa voisine de gauche, qui le séduisait le plus par son naturel et l’expression spontanée, réaliste de ses sentiments. Aussi, dès qu’il la vît rassurée sur la bonne marche du service, il n’hésita plus à la faire parler, ce dont elle mourait d’envie du reste. Avec sa vivacité coutumière, la jeune femme lui exprimait sa reconnaissance pour les heureux changements qu’il avait effectués dans la maison : jamais elle ne se serait imaginé qu’on pût transformer cette vieille bicoque. Il fallait s’y connaître pour entreprendre un travail aussi difficile. Elle était surtout ravie des vastes proportions de son nouveau cabinet de toilette :