Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Oh ! vous vous moquez, dit-elle. Surtout, n’allez pas croire que je sois une raquette passionnée ! Vous me feriez de la peine.

Certes, là-bas en pension, on jouait beaucoup, mais ici elle avait bien d’autres choses à faire…

— Tenez, c’est Eva qui m’a enseigné le tennis. Voilà la vraie championne. Elle est invincible !

Elle traduisit vivement à son amie ce qu’elle venait de dire à son propos.

Oh, dear, you are making sport of me ! s’écria joyeusement la petite Anglaise. I am very angry with you !

Cependant, Mr Jennings se tenait à l’écart, enfoncé dans la lecture de son « handbook », en attendant que ces petits bavardages fussent terminés.

— Allons, jeta Miss Suzy à Hippolyte, faites votre office, Monsieur le cicerone !

Il remonta la place avec eux et commença ses explications. Un peu bref d’abord, mal à l’aise dans son personnage improvisé, il s’enhardit bientôt, devint plus prolixe en voyant l’attention que lui prêtaient les touristes. Il lui arrivait parfois de ne pas attendre la traduction de Mlle Lauwers et de s’aventurer imprudemment dans une phrase anglaise très difficile et remplie d’obstacles. Il hésitait, cherchait ses mots.

Go on ! encourageait Mr Jennings en riant. You make yourself very well understood !

Peu à peu, Hippolyte s’animait ; sous le regard de Mlle Lauwers, il devenait abondant, chaleureux ; il chantait des petits airs de bravoure à