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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

vous nous traduisiez tout à l’heure les phrases latines inscrites au front des belles façades…

— Je suis à vos ordres, dit-il amusé. Mais je gage que vous le feriez aussi facilement que moi. C’est du latin de la décadence…

— Ce qui veut dire, s’écria-t-elle en riant, que je n’entendrais pas un traître mot à celui de la grande époque !

Il se récriait un peu confus ; mais déjà miss Suzy confiait à ses amis que master Hippolyte était un savant et qu’il venait de passer un brillant examen.

— C’est vrai, dit-elle avec gravité, je ne vous ai pas encore félicité de ce grand succès. Vraiment, cela m’a fait un très vif plaisir…

Elle fixait sur lui son beau regard plein de franchise et de sincérité. À son tour, elle remarquait le changement qui s’était opéré chez lui ; sa figure s’était en quelque sorte virilisée sous l’empreinte d’une souffrance morale dont elle ne pouvait ignorer la cause. D’ailleurs, il ne lui déplaisait pas ainsi : ce petit air de mélancolie lui allait fort bien.

Il était ému, décontenancé ;

— Vous êtes trop aimable, mais j’ai eu une si bonne chance…

Soudain, avec une gaîté nuancée d’ironie :

— Que je vous félicite à mon tour, Mademoiselle ! Michel m’a raconté… Vous avez glorieusement soutenu nos couleurs dans ce fameux match de tennis !