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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Il s’enthousiasmait en silence : l’art imposait une trêve à sa tristesse. Ainsi, tout doucement, il se consolait par l’admiration.

Un dimanche, par une de ces douces matinées d’arrière-saison dont le soleil pâlissant ambre les vieux palais brabançons, Hippolyte se promenait au milieu des oiseliers et des gagne-petit qui encombraient la Grand’Place, toute sonore de trilles et de roucoulements, lorsqu’il aperçut un groupe de touristes penchés sur la rampe de fer de la Maison du Roi.

C’était un trio d’Anglais, deux jeunes filles et un jeune homme, vêtus de costumes clairs qui les détachaient vivement du fond sombre de l’édifice. Selon toute apparence, ils s’en venaient du musée communal et stationnaient un moment sous le péristyle, charmés par le vivant tableau de la place.

À leur attitude animée, à leurs gestes d’indication, Hippolyte comprit qu’ils sentaient la beauté du spectacle et, tout de suite, il voua une secrète sympathie à ces gens de goût, tant leur admiration le remplissait de contentement et de fierté.

Comme sa flânerie n’avait aucun but précis, il se proposa de les suivre discrètement pour tâcher de surprendre leurs impressions. Nul