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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

natal… Adieu pour toujours. Que ta destinée soit heureuse, brillante. Ne te reproche rien : je garde de toi un souvenir attendri et inoubliable. »

Ses yeux exprimaient de l’étonnement. Il ne comprenait pas. Il relut. Oh, le rude coup ! Il en restait étourdi comme d’une chute sur la pierre. En vain, essayait-il de se roidir, de surmonter sa souffrance en se disant qu’il l’avait méritée. C’en était trop. Son armure de volonté l’abandonnait. Des pleurs ruisselèrent sur ses joues…

Ce fut une nouvelle crise où sombra l’allégresse de la victoire.

Hania lui apparaissait maintenant comme une héroïne dramatique, avec ce je ne sais quoi de puissant que la douleur et le sacrifice ajoutent à la passion. Quand elle était si digne d’être aimée, quand elle l’avait reconquis tout entier, la vie l’en séparait pour toujours. Il s’abandonnait à toute la vivacité d’un désespoir qui lui apparaissait cette fois inguérissable. Le Temps peut user la douleur que provoque la mort d’une maîtresse chérie, mais n’est-ce pas en vain qu’il se flatte d’apaiser les regrets où nous plonge l’éternel adieu d’une femme adorée, vivante !

De nouveau, ses allures farouches inquiétaient la famille. Seul peut-être entre tous, Joseph