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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Eh bien, maintenant je peux le dire : j’avais si peur qu’il ne la marie un jour ou l’autre…

Cependant, tout le monde observait la plus grande discrétion devant Hippolyte, de peur qu’il ne fût resté encore un peu ombrageux et ne s’irritât en secret de voir une joie trop expansive rayonner sur les visages. Mais cette réserve ne pouvait quand même empêcher la pauvre maman Platbrood de serrer bien fort son benjamin dans ses bras et de le regarder avec son sourire émerveillé d’autrefois.

Les semaines s’écoulèrent et ce fut enfin le 1er octobre. Ce jour-là, à midi, une impérieuse sonnerie du téléphone retentissait dans la maison de la rue des Chartreux. Et c’était Joseph Kaekebroeck, héraut ordinaire des bonnes nouvelles, qui criait à tue-tête dans l’appareil :

— Hippolyte vient de passer son premier doctorat aux acclamations du jury, des camarades et des appariteurs !

Mais le jeune homme redouta, alors, d’éprouver un sentiment singulier : celui de n’être fier d’un tel succès que vis-à-vis d’Elle, qui était la beauté, l’intelligence, l’ardent et magnifique péché. Et déjà, l’absente le reprenait tout entier.

Tant que la volonté d’une revanche l’avait soutenu, tant que son âme était demeurée frémissante, bandée vers le but, il semblait que