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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Tu ne me crois pas ! s’écria-t-elle avec désespoir.

— Non, je ne vous crois plus ! dit-il en détachant chaque mot.

Ce « vous » affola la jeune femme :

— Voyons, s’exclama-t-elle en l’étreignant malgré lui, ne sois pas méchant ! Regarde-moi, oh, je t’en supplie, regarde-moi !

Mais rien ne semblait pouvoir le toucher, ni son haleine grisante, ni sa voix éplorée, ni ses grands yeux d’Orientale que l’anxiété écarquillait, rendait fixes comme ceux d’une madone byzantine.

De nouveau, il se dégagea presque avec brutalité, car la colère surmontait sa douleur :

— Expliquez donc cette promenade en automobile… Un parent, bien sûr !

Elle essuyait ses yeux :

— Eh bien, oui, j’avoue, dit-elle sourdement : c’est un protecteur, mais si discret, si peu exigeant…

À ces mots, le visage d’Hippolyte se contracta atrocement. Elle crut qu’il allait défaillir et saisit ses mains :

— Oh, mon cher petit, supplia-t-elle, sois raisonnable ! Comprends combien je souffre en ce moment. Voyons, tu savais bien pourtant… à Paris, que je n’étais plus une jeune fille… Écoute-moi, je t’en conjure, puis, je m’en irai, si tu l’exiges…

La première fureur du jeune homme semblait