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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Il fixait sur sa toilette des yeux scrutateurs. Elle portait aujourd’hui une robe de foulard clair d’une façon compliquée ; une plume s’élançait de son chapeau, droite, légèrement recourbée du bout, comme le panache d’un cimier. Cet accoutrement tapageur, si contraire à l’élégante simplicité de sa mise ordinaire, ces colliers, ces bijoux, tous ces colifichets qu’il ne lui avait jamais vus, le remplissaient de stupeur :

— Tu mens ! s’écria-t-il tout à coup. Je sais que tu mens !

Elle blêmit, baissa la tête :

— C’est vrai, dit-elle avec loyauté, je mens. Mais viens… Tu sauras tout. Tu comprendras…

Elle voulut s’emparer de son bras, mais il se dégagea, farouche.

— Oh, cher ! soupira-t-elle, des larmes au bord des cils.

Pourtant, il se laissa entraîner vers le massif montagneux où règne une solitude propice aux explications.

— Écoute-moi, dit-elle humblement lorsqu’ils eurent atteint au faîte de la petite éminence, je ne suis qu’une pauvre fille…

Elle cherchait de nouveau à s’emparer de ses mains ; mais il la repoussait durement, tandis que son visage demeurait impassible. Elle ne put se contenir, éclata en sanglots :

— Oh, mais tu sais bien que c’est toi seul que j’aime !

Il eut une sorte de rictus :

— Moi seul !