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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Mais elle s’interrompit brusquement en voyant Thérèse défaillir sur sa chaise ; elle n’eut que le temps de la retenir dans ses bras :

— Mon Dieu, chère, qu’est-ce que c’est maintenant ?

Déjà Joseph et Ferdinand s’empressaient. On fit respirer un flacon de sels à la jeune femme qui recouvra les sens instantanément.

— Oh, pardon, fit-elle avec un faible sourire, je ne sais ce que j’ai aujourd’hui… Je m’en veux, n’est-ce pas !

— Nous allons partir, décida le cordier.

— Et nous aussi, repartit Adolphine. Hein, Joseph, on en a assez ?

Thérèse voulut protester :

— Mais non, il ne faut pas vous en aller à cause de moi… Je puis encore rester…

On calma ses scrupules : deux heures du matin ! Ma foi, il était grand temps d’aller se coucher.

Ils étaient équipés et prêts à sortir quand une bande de Pierrots, porteurs d’instruments bizarres qui empruntaient leurs formes aux ustensiles de ménage les plus divers, s’engouffra dans le vestibule du théâtre. Tout de suite, les musiciens s’étaient rangés au commandement du chef et soudain, entonnant leur fanfare, ils escaladèrent en bon ordre le grand escalier d’honneur. Et c’était les Gais Lurons Bruxellois, cette vaillante troupe de jeunes gens, voués au soulagement de l’enfance misérable, qui montaient à