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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

En effet, c’était Hippolyte et sa Géorgienne qui se retiraient du bal avec une hâte joyeuse. L’étrangère avait enlevé son masque, montrant ses beaux traits à la fois impérieux et doux. Elle regardait tendrement le jeune homme et se prêtait aux soins empressés et maladroits qu’il dépensait à la recouvrir de son opulent manteau de fourrure avec une grâce d’attitude, un port de tête un peu rejetée en arrière, dignes d’inspirer un sculpteur de l’antique Hellade.

Elle était admirable dans son costume exotique, avec sa longue tunique de laine blanche brodée de soie de couleur, ses manches flottantes et ce voile de gaze, vaporeux comme un nuage, qui entourait sa tête, coiffée d’un fez cramoisi, couvert de piécettes d’or. Et toute la splendeur de l’Orient se reflétait dans ses yeux profonds.

Comme il venait de lui effleurer la nuque de sa moustache fine, elle se retourna vivement et le baisa sur la joue en souriant tandis qu’il faisait de grands yeux, un peu gêné de sa hardiesse.

Les amis regardaient et admiraient en silence. Ils pensaient peut-être, comme les vieillards des Portes Scées en voyant passer la reine de Sparte, que, certes, on pouvait bien risquer quelque chose pour une telle femme…

— Ils vont souper, je suppose… ? déclara Ferdinand en rompant le prestige.

Cependant, Adolphine interrogeait son amie :

— As-tu remarqué quel riche manteau…