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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

maintenant il ne pensait plus à elle, une autre le possédait tout entier. Ah ! cette rencontre, tantôt, lui avait fait une telle secousse ! Vraiment s’était-elle trompée en pensant qu’il ne s’agissait entre eux que d’affection fidèle, d’amitié tendre ? Dans le sentiment qui l’entraînait vers lui n’entrait-il pas quelque chose de plus ? Elle n’osait en répondre, bouleversée tout à coup à la pensée qu’elle pût considérer « cette femme » comme une rivale…

— En tout cas, c’est bien triste, reprit Ferdinand d’un ton navré qui l’étonnait lui-même ; un garçon qui était si bien parti !

Et, le champagne aidant, voilà qu’il se sentait devenir grand moraliste, fulminant contre ces créatures perverses qui entraînent les jeunes gens de bonne famille, les détournent de leurs devoirs. Mais Joseph, qui n’était pas dupe de cette fausse éloquence, arrêta soudain l’impétueux orateur en lui demandant s’il avait vu ce vieux sapajou de Rampelbergh « engueuler » les masques du haut du balcon.

— Il avait déjà une bonne loque, savez-vous, s’exclama Adolphine. Oeie, ça est tout de même un crapuleux !

C’était aussi l’avis de Ferdinand ; mais il ne jugea pas à propos d’enchérir sur la jeune femme. D’ailleurs, l’apparition providentielle d’un couple qui se rendait au vestiaire lui permit de détourner brusquement la conversation :

— Mais, je ne me trompe pas… Voilà nos tourtereaux !