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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Hippolyte avait perdu le goût du travail ; à peine s’il apparaissait de loin en loin à l’Université où sa maîtresse ne venait plus. D’abord les amants avaient pris quelques précautions, ne se rencontraient que dans des endroits écartés ; mais bientôt, ils s’étaient enhardis au point de se promener par la ville, de visiter ensemble des musées, de faire des achats, de prendre le thé dans les grands magasins.

À présent, ils ne se gênaient plus, dédaigneux de l’opinion. C’était une vraie passion de part et d’autre, bien que Lauwers, qui s’était juré de démasquer « l’aventurière », comme il l’appelait, assurât avoir aperçu un jour l’étudiante au fond d’une superbe limousine, en compagnie d’un personnage grisonnant mais portant beau et de haute mine.

— Oh, je la déteste ! répétait Adolphine.

Hippolyte s’était enrôlé dans la compagnie des Gais Lurons Bruxellois, une de ces admirables phalanges de jeunes gens qui, les jours de carnaval parcourent les lieux publics pour y donner des concerts et collecter au profit des pauvres. Comment se trouvait-il au bal, alors que ses vaillants compagnons « travaillaient » en ville ? Il avait donc déserté son poste d’honneur dans cette troupe de charité ?

Thérèse, indulgente malgré sa rancœur, essayait de l’innocenter de ce manquement au devoir ;

— Sans doute qu’il est déjà sorti dimanche et