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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Ils atteignirent sans trop d’encombre le grand bar installé derrière le contrôle et s’attablèrent dans un coin d’où ils dominaient la bruyante assemblée d’habits noirs et de masques en train de sabler l’extra-dry.

Le sans-gêne des soubrettes et des Colombines langoureusement abandonnées sur les genoux de leurs amants, les cris, les baisers, les étreintes de toutes ces femmes enivrées provoquaient chez les deux honnêtes bourgeoises un étonnement voisin de la stupeur.

— Mais regarde, une fois, celle-là, Thérèse ! Non, ça est qu’à même un peu fort !

Et c’était une marquise de Lancret qui, renversée sur le plastron d’un fêtard avachi, témoignait d’une effervescence à décontenancer Messaline.

Désagréablement impressionnés eux-mêmes par un tel spectacle, Joseph et Ferdinand s’efforçaient de détourner l’attention de leurs femmes :

— Avez-vous vu le jeune Lauwers ? interrogeait le cordier. Hé, il ne s’embêtait pas, celui-là, avec sa petite Andalouse !

Oui, Adolphine l’avait très bien vu :

— Ça est une jupeuse de chez ma couturière avec qui il est, dit-elle. Je la connais bien. Jolie, je ne dis pas, mais je crois que c’est une gaillarde, savez-vous !

— En effet, déclara Joseph, elle parvient à lever la jambe jusqu’au lustre. Je vous la ga-