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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Soulagé, mais très déconfit, le jeune homme essayait pourtant de crâner :

— Viens, dit-il à son domino, retirons-nous là-bas, contre les baignoires, hors de cette affreuse bousculade…

Mais il n’en menait pas large, très fâché de l’incident et plein de regrets à la pensée que sa bonne petite femme souffrait en silence de ce qu’elle venait d’entendre. Mais sa fatuité d’époux adoré l’abusait étrangement en cette circonstance : Thérèse ne pensait déjà plus à l’attrapade.

Appuyée contre une loge, elle enleva son loup et apparut très pâle, presque défaillante.

— Qu’est-ce que tu as ? s’écria Ferdinand avec sollicitude.

— Oh, rien, rien, dit-elle en s’éventant d’un bras fébrile, c’est la chaleur, ça va passer…

Mais son malaise avait une autre cause. Ne venait-elle pas d’apercevoir là-bas, dans la pénombre d’une baignoire, son jeune Werther ? Oui, c’était bien lui, Hippolyte, amoureusement pressé contre une admirable Géorgienne, vraie houri descendue pour un soir du paradis d’Allah.

— Mon Dieu, implorait-elle au fond de son cœur honnête et bouleversé, oh ne faites pas maintenant que je sois plus jalouse de celui-ci que de l’autre !…