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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

renoncer après quelques mesures. C’était décidément le nougat humain, blanc, rose, incrusté d’habits noirs, pistaché de boléros verts…

— Hé, ôte-toi de là, mon gros Loulou !

C’était un danseur chauve, tout suant, qui interpellait ainsi Mme Mosselman et la bousculait pour se frayer passage avec une gaillarde coiffée en cheveux roux, étalant une poitrine pourvue de boulets de quarante-huit.

— Eh bien, il n’est pas gêné, celui-là ! riait Thérèse.

Au fond, elle n’était pas du tout scandalisée de ce « gros Loulou », qui n’avait rien que d’aimable dans sa familiarité ; elle se rassurait peu à peu : décidément, les masques, ça n’était pas si terrible.

Cependant, un fort remous venait de les séparer des Kaekebroeck que le courant entraînait vers le fond de la salle où tonitruaient les musiciens sous de verts palmiers.

Brusquement, la grosse caisse cessa de scander la mesure et l’orchestre se tut. On souffla et l’on marcha à la file. Mais des barrages se formaient, provoqués par des intrigues, autour desquelles s’amassaient les curieux amusés du fausset des masques qui s’acharnaient comme une meute sur des fêtards. Il arrivait parfois que ceux-ci tenaient bon sous les brocards, ripostaient de bonne langue et prenaient enfin le dessus, raillant leurs agresseurs qu’ils poursuivaient à leur tour en les conspuant.