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LE MARIAGE D’HERMANCE

homme. Et le vieux lui nommait tous les arbres, comme faisait Laërte en se promenant avec le petit Ulysse dans son verger d’Ithaque. Il lui disait :

— Tiens, Fiston, je te donne ce gros poirier qui porte de si bonnes bergamotes. Et je te donne ce pommier dont les fruits rouges ressemblent à de belles joues de demoiselle. Et je te donne surtout ce petit cerisier qui n’a pas fleuri, étant trop jeune encore, mais qui m’est pourtant le plus cher de tous, car il a germé juste le jour de ta naissance !

Quelle joie aussi, le matin de Pâques, d’aller à la recherche des œufs multicolores déposés aux pieds des arbres par les cloches des Riches-Claires revenues de voyage !

Tout cela n’était plus ; n’importe, son âme attendrie ressuscitait le passé et subodorait encore, en ce coin de ville, les fragrances d’autrefois.