Page:Courouble - Le Mariage d'Hermance (La famille Kaekebroeck), 1905.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.
152
LE MARIAGE D’HERMANCE

Et, d’une habile secousse, elle fit tomber sur son assiette la portion homicide :

Plache, dit-elle, vous voilà sauvé !

— Non, s’écriait-il tout confus, non, non, je ne permettrai jamais…

Mais elle attaquait déjà le massif gâteau d’une cuiller ingénue. Alors, en la voyant porter à ses lèvres ce mets qu’elle lui avait dérobé, il pâlit d’un immense bonheur. Il palpita ; il avait envie de crier : « je vous aime, je vous aime ! » Mais la figure d’Hermance exprimait tant de naïf plaisir, tant de fraîche innocence, qu’il refoula ces paroles au fond de son cœur. Non, elle ne pouvait pas l’aimer encore. Savait-elle ce que c’était aimer ? Elle riait, elle plaisantait avec lui ; certes, il ne lui était pas indifférent : on le traitait en bon camarade. Mais elle était trop jeune pour s’émouvoir et deviner le tendre désir qu’elle avait fait naître. Elle donnait la flamme mais