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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

Mais soudain, à leur stupéfaction, Van Poppel sortit de l’eau sa tête lamentable :

— Je m’en vais, dit-il quand il eut repris un peu d’haleine, ça est trop dangereux…

Et il se dirigea, non sans encombre, vers sa femme qui regagnait le sable avec Mme Rampelbergh au milieu d’un grand concours de spectateurs.

Cependant, M. et Mme Posenaer s’ébattaient à quelque distance de leurs amis. L’épicier, bien d’aplomb dans l’eau, souriait à la jeune femme qu’il pressait avec tendresse contre lui. Elle le regardait amoureusement, surprise de sa force, émerveillée de sa belle chair rose. Aussi, avec quelle fougue enfantine elle jetait ses jolis bras autour du cou robuste du brave homme quand s’avançait une vague sourcilleuse ! Et lui, tressaillant à ces caresses épeurées, sentait sourdre au fond de lui une inquiétude délicieuse et inexplicable. On eût dit qu’il voyait enfin la beauté de sa femme. Ses sens, autrefois si tranquilles, bougeaient à présent.

— J’ai froid, dit enfin la mignonne baigneuse, rentrons, veux-tu ?

Il rougit sous l’ardent regard de sa compagne. Soudain, il passa le bras autour de sa taille et l’entraîna vivement vers la plage…