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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

temps de chercher dans les flots une abri contre la curiosité publique. Il commanda à la bande de se prendre par la main.

— Une, deux, trois !

Ils se précipitèrent dans la mer en poussant des cris de Peaux-rouges. Mais, à la première petite vague qui se jeta sur leurs cuisses, Mme Van Poppel et Mme Rampelbergh, suffoquées, rompirent la chaîne et s’enlacèrent à la grande joie des badauds massés sur les brise-lames. Les sauveteurs eux-mêmes, encore qu’ils fussent habitués au grotesque des baigneurs et des baigneuses, s’esbaudissaient au spectacle de cette infiniment grosse et de cette infiniment maigre cramponnées désespérément l’une à l’autre comme dans les affres suprêmes d’un naufrage.

C’est en vain que les amis, qui avaient courageusement gagné des endroits plus profonds, invitaient les deux femmes à les rejoindre. Celles-ci s’obstinaient à demeurer là, grelottantes, avec de l’eau seulement jusqu’aux genoux. Pourtant, elles finirent par se rassurer. Alors, se prenant par la main, elles s’accroupirent et commencèrent tout un jeu de trempettes peureuses et comiques qui redoubla la gaieté de la plage.

Le gros de la troupe, sans plus s’inquiéter