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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

enfants et les bonnes, formèrent aussitôt le bataillon carré et se défendirent avec bravoure contre les entreprises des faquins.

Ce fut une chaude lutte où Mme Rampelbergh se distingua entre tous par la vigueur de ses invectives flamandes et poussa des cris qui eussent réellement effrayé une locomotive avec son tender.

Quand le tumulte causé par cette agression imprévue se fut apaisé, Joseph Kaekebroeck prononça quelques paroles éloquentes sous l’auvent de la station. Il célébra la tempête et proposa de se rendre incontinent sur la digue : l’occasion de contempler un gros temps n’était pas déjà si fréquente. Il plaisanta, remonta le moral de tout le monde ; puis, s’étant assuré que les enfants étaient assez chaudement vêtus, il donna le signal du départ.

La troupe, courbée sous la bourrasque, s’engagea joyeusement au milieu de la place de la gare, enfila une rue et se trouva tout à coup sur la digue en face de la mer démontée, hurlante.

Un grand cri d’admiration sortit des poitrines, tandis que les enfants, saisis de peur, se collaient aux jupes des femmes.

Le spectacle était magnifique. Même les bonnes